mardi 24 mars 2009

BERLIN - Acte I - La trilogie berlinoise de David BOWIE

Pour faire suite aux excellents documentaires ROCK and THE CITY, diffusés sur Arte, qui au travers de 5 villes (Paris, New York, Berlin, Kingston, Liverpool), s'attachent à montrer en quoi ces villes ont su inspirer nombre d'artistes et vu émerger des genres musicaux, le blog va au cours du temps illustrer les villes, non seulement à travers le rock, mais aussi à travers les autres arts majeurs comme "mineurs".

Cette année, Berlin célèbrera les 20 ans de la Chute du mur. De nombreux artistes ont enregistré ou composé des albums en rapport avec l’histoire de la ville partagée.

Nous allons tout d'abord nous intéresser à la trilogie berlinoise de David BOWIE (albums Low - 1977, "Heroes" - 1977 et Lodger - 1979), appelés ainsi car enregistrés au Studio Hansa à Berlin, avec l'omniprésence de Brian ENO aux manettes (comme producteur, mais aussi comme compositeur notamment dans les plages musicales instrumentales, aux "stratégies obliques" très révélatrices d'un univers "urbain").

Bowie s'installe à Berlin en 1976, s'inspire du Krautrock, et pose ainsi les fondements du novö rock, branche déterminante et intellectuelle de la new-wave.



Dans Low, Warzawa est un titre instrumental où nous voici plongés dans les sombres profondeurs des ruines de Varsovie, quelque part entre la musique répétitive et le rock progressif (moog et chamberlain sont mis à contribution avec de splendides sonorités de flûtes). Instrumental dramatique, avec quelques chœurs et 3 phrases déclamées sur la fin, c’est d’une simplicité très élaborée, sans doute l’un des meilleurs titres jamais écrits par Bowie.
Weeping wall exprime le désarroi qu'a créé le mur de Berlin, les déchirements familiaux, les déracinements, la perte d'identité (les Berlinois de l'est lancent un appel à l'occident à la fin du titre).

On ne sait plus d’où sort cette musique, entre un jazz nordique glacial et un romantisme sans passion, mais on perçoit clairement l’influence de la musique ambiante et les prémisses d’un new-age et des éléments les plus mélodiques de la new-wave des années 80.



Bowie aurait, depuis la fenêtre du studio Hansa, observé un couple enlacé au pied du mur de Berlin. Cette scène lui inspirera « Heroes » un album aux plages musicales futuristes, qui servira également de bande originale au film "Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée" en 1981.

L'album "The idiot" d'Iggy Pop, produit par Bowie himself, a une conception proche, et de manière générale, ces deux premiers albums de la trilogie inspireront la new wave des années 80 (la bonne bien sûr). Certains morceaux de Low et de "Heroes" seront réenregistrés par Philip GLASS, chantre de la musique minimaliste américaine.



Lodger reste profondément marqué par l’expérimentation tout en se démarquant de ses prédécesseurs. Lodger est un album déjanté. David Bowie ne semble s’accorder aucune limite et se frotte à la world music avec une aisance remarquable, en bon locataire du monde (lodger) qu’il est devenu. Les influences World de Lodger inspireront la démarche des Talking Heads, groupe new-yorkais, produit également par ENO.

lundi 16 mars 2009

Grandeur et décadence de la ville de MAHAGONNY



J'ai assisté à cet opéra en 3 actes au théâtre d'Angers hier après-midi.
Dans la pure tradition du cabaret allemand et du néobaroque de Kurt Weill et du théâtre de la distanciation de Bertolt Brecht, l'histoire s'établit autour de la fondation d'une ville ex-nihilo par trois malfrats, Léocadia Begbick, Moïse la Trinité et Fatty. La ville est censée promettre les douceurs de la vie à tous les déshérités des autres villes en souffrance (allusion forte à la République de Weimar et à la crise de 1929). Il va sans dire que la ville, lieu de plaisirs et d'exactions, aux règles établies par nos malfrats, est surtout un bon moyen de plumer les clients potentiels. La venue d'un cyclone, mais surtout les interrogations de Jim Mahoney, viennent ébranler les "fondations" de la cité. Jim Mahoney est condamné à mort car "il n'y a pas de plus grand crime à Mahagonny de ne pas avoir d'argent". S'ensuivent alors la décadence puis la chute de la ville, le désenchantement des idéaux ...

Ici, au delà de la métaphore, ce sont bien les Hommes qui font la ville et la ville qui fait les Hommes. Ce que n'ont pas manqué de souligner nombre d'auteurs, et notamment la sociologie urbaine.

Petit clin d'oeil à mes comparses de l'atelier amateur de la compagnie La Tribouille des jeudis soirs de 2007-2008, et à notre professeure, Laëtitia TENDERO, qui a adapté la forme théâtrale de l'opéra (le livret en l'occurrence) et nous a permis de représenter notre version de Mahagonny à la salle Vasse à Nantes en juin 2008.