samedi 7 novembre 2009

DROIT DE CITE POUR LA BD

Vu dans l'EXPRESS il y anviron quinze jours :
"Ancien patron du Festival de la bande dessinée d'Angoulême, Jean-Marc THEVENET sera le commissaire d'une exposition à la Cité de l'architecture et du patrimoine, de juin à novembre 2010, consacrée à La Ville dessinée. Planches, illustrations, tableaux, photos : tous les modes d'expression seront bons pour tracer, de Winsor McKay (*) aux labels indépendants d'aujourd'hui, l'histoire entre les cités et le 9e art. En prime, une création inédite des Requins marteaux."

A vos agendas !

(*) auteur de "Little Nemo in Slumberland" où les escapades oniriques d'un petit garçon s'effectue en grande partie dans un Chicago et New-York fantasgoriques.





mardi 27 octobre 2009

ARCHIBORESCENCE ET CITE VEGETALE

Luc SCHUITEN, architecte belge et frère de François SCHUITEN, montre dans ses travaux visionnaires que l'utopie continue à faire sens. Particulièrement axé sur le retour de la nature en ville, ses interventions nous amènent à réfléchir sur la place de l'environnement dans l'urbanisme.
Pour les UTOPIALES 2007 à Nantes (festival international de science-fiction), il avait réalisé une bâche de 35 m² illustrant une ville possible en 2100 où le palimpseste du passé, du futur et des possibles prenait forme au grand étonnement des nantais.


(c) Luc SCHUITEN

mardi 15 septembre 2009

UTOPIES ET REALITES URBAINES

Vu dans Urbanisme n° 367 p 21, des courts métrages d'étudiants sur le thème du "durable", terme à la mode et oh combien de fois galvaudé.
Ce concours introduit la 3e convention d'affaires Chine-Europe au Havre sur le développement urbain durable qui aura lieu du 8 au 10 décembre 2009. Comme par hasard, l'expérience est patronnée par le groupe Lafarge, cimentier que le développement insoutenable de la Chine intéresse au plus haut point (je vous laisse seul juge).
On y retrouve notamment Nantes, redevenue "Venise de l'Ouest" dans une vision que ni Jules Verne ni Schuitten et Peeters ne renieraient.



mardi 26 mai 2009

WEEDS - LITTLE BOXES

Ici, le but n'est pas de parler de la série WEEDS, que je viens de découvrir récemment (avec retard je l'avoue puisque la saison 5 va débuter sur SHOWTIME d'ici un mois) mais plutôt de son générique particulièrement réussi (voir ci-dessous) qui de façon ironique brosse les suburbs américaines et grâce à la savoureuse et entêtante petite chanson de Malvina Reynolds, Little Boxes, dont voici les paroles :

Little boxes on the hillside, Little boxes made of tickytacky
Little boxes on the hillside, little boxes all the same
There’s a green one and a pink one and a blue one and a yellow one
And they’re all made out of ticky tacky and they all look just the same.

And the people in the houses all went to the university
Where they were put in boxes and they came out all the same,
And there’s doctors and there’s lawyers, and business executives
And they’re all made out of ticky tacky and they all look just the same.

And they all play on the golf course and drink their martinis dry,
And they all have pretty children and the children go to school
And the children go to summer camp and then to the university
Where they are put in boxes and they come out all the same.

And the boys go into business and marry and raise a family

In boxes made of ticky tacky and they all look just the same.

Et la traduction en français :

Des petites boîtes sur les côteaux, des petites boîtes de pacotille
Des petites boîtes sur les côteaux, des petites boîtes toutes pareilles
Il y en a une verte et une rose et une bleue et une jaune,
Et elles sont toutes de pacotille et elles ont toutes l’air pareilles.

Et les gens dans les maisons sont tous allés à l’université,
Et ils ont été mis dans des boîtes et ils en sont tous sortis pareils.
Et il y a des médecins et il y a des avocats, et des cadres supérieurs,
Et ils sont tous de pacotille et ils ont tous l’air pareils.

Et ils jouent tous au golf et boivent des martinis dry,
Et ils ont tous de beaux enfants et leurs enfants vont à l’école
Et les enfants vont en camp de vacances et puis à l’université
Et ils sont mis dans des boîtes et ils en sortent tous pareils.

Et les garçons travaillent et se marient et élèvent une famille.

Dans les boîtes de pacotille, ils ont tous l’air pareils.

lundi 4 mai 2009

L'IMAGE DE LA CITE : IMAGE OF THE CITY

La démarche de Kevin LYNCH (1918-1984) dans son livre, qui est un classique de l'urbanisme, peut être résumée en trois temps : il se consacre d'abord à définir la clarté de la ville, et à expliciter les concepts de la perception ; il nous présente ensuite les résultats de son travail d'analyse de terrain, et une typologie des éléments fondamentaux de la ville ; pour en dégager finalement dans une dernière partie les qualités d'une ville lisible et une démarche opératoire de modification de la forme de la ville.
La ville n'est pas neutre, elle est un produit perçu, et tous les sens, en particulier la vue, interviennent et se conjuguent dans notre esprit pour composer une image de la ville. Lynch souligne la qualité majeure de cette image : il s'agit du concept de lisibilité. C'est la facilité avec laquelle nous reconnaissons les éléments du paysage, les décodons, les interprétons et les organisons en un schéma cohérent. La lisibilité de la ville est importante : elle permet l'orientation dans la ville, assurant ainsi la « sécurité émotive », et elle fournit du sens, en permettant l'élaboration de symboles et de souvenirs collectifs.

A voir un court métrage d'EvanMather, qui est une adaptation du livre :

samedi 18 avril 2009

Bruxelles / Brüsel



J'ai visité Bruxelles au mois de juillet 2007. Je n'en garde pas un souvenir extraordinaire. D'accord, le temps était à la pluie... Mais surtout j'ai trouvé cette ville tiraillée, schizophrénique au sens urbain du terme. Afin de sauvegarder cette synthèse entre communautés wallonne et flamande, qui caractérise Bruxelles et de moins en moins la Belgique, il semble que la ville a voulu se racheter dans l'Europe naissante en en devenant la capitale. L'observateur que je suis a voulu retrouver l'esprit Art Nouveau, celui de la bande dessinée, celui des Pays-Bas Espagnols, et celle d'une capitale mais j'ai perçu une ville en mal d'identité livrée au façadisme, aux bâtiments administratifs (y compris ceux de l'Union Européenne) et de bureaux sans âme. Les monuments ou certains sites pris à part ont un grand intérêt, mais la juxtaposition asynchrone, l'absence de la prise en compte du tissu urbain, du skyline dans les réalisations de la seconde moitié du XXe siècle, ont opéré un véritable gâchis. A tel point qu'architecte pour les bruxellois est devenu une insulte (déjà les habitants des Marolles traitaient Poelaert, l'architecte du palais de justice de "schieven architek" !).




L'album Brüsel , des Cités Obscures, de Schuitten & Peeters est une remarquable allégorie de l'urbanisme de cette ville en livrant un message sur l'évolution du bâti. Brüsel, double obscur de Bruxelles, est la proie de promoteurs où le gigantisme est de mise. Le palais de Justice, bel exemple d'architecture monumentale qui domine la Bruxelles de notre monde, se transforme en palais des trois pouvoirs à Brüsel et symbolise alors le début d'une "brüsellisation" outrancière.

"Le recouvrement de la Senne, la démolition des bas quartiers et leur remplacement par des gratte-ciels, l'établissement d'une jonction entre la Station du Nord et celle du Midi, l'abandon des tramways au profit de lignes ferroviaires aériennes et souterraines ainsi que l'installation d'un gigantesque orduroduc constituent des mesures de première nécessité", déclare à qui veut l'entendre l'entrepreneur Freddy De Vrouw. Pour éviter tout gaspillage, il persuade les autorités de mettre en œuvre tous ces projets de manière simultanée et d'édifier, en même temps, les plus hauts gratte-ciel du Continent.


Le Palais de Justice et le Palais des Trois Pouvoirs (extrait du site des Cités Obscures)




La chose est assez connue : le Palais de Justice de Bruxelles et le Palais des Trois Pouvoirs de Brüsel sont identiques à quelques détails près, même si ces deux bâtiments ont une fonction très différente. Une porte au moins les relie l’un à l’autre, permettant un Passage dans les deux sens.
Si mystérieuse qu’elle puisse paraître, la chose s’explique peut-être par le caractère exceptionnel de cet édifice démesuré, "la plus vaste accumulation de pierres de taille qui existe en Europe", et par la personnalité de son architecte, Joseph Poelaert.
On sait que Poelaert était franc-maçon et qu’il bénéficia tout au long de la construction d’appuis extrêmement hauts placés, en dépit de son caractère fantasque et de la multiplication par cinq d’un budget déjà colossal. Mais selon l’historien anglais James Welles, la franc-maçonnerie ne constituait en l’occurrence qu’une simple couverture. Poelaert aurait surtout été l’un des membres fondateurs de la "secte B", une société secrète bruxelloise cherchant par tous les moyens à rejoindre la ville parallèle de Brüsel. C’est à ce but occulte qu’aurait principalement servi la construction du Palais.
Il n’est pas possible de résumer ici la longue enquête à laquelle s’est livré James Welles dans son livre Shadows in the night, a secret society in Belgium. Disons seulement que cet épais volume apporte enfin une réponse crédible à bon nombre de questions délicates sur le grand œuvre de Joseph Poelaert et l’évolution urbanistique de Bruxelles.


Bruxelles et la BD




Autre ouvrage intéressant, celui de Bruxelles dans la BD, de Thibaut VANDORSELAER, qui permet de parcourir les plus célèbres vignettes qui ont Bruxelles pour décor, et nous fait découvrir les fresques de dessinateurs dans la ville. On dit même que l'une d'entre elles liée aux Cités Obscures, ouvre un "passage", rue du marché au charbon, vers l'univers parallèle de Brüsel...

mardi 24 mars 2009

BERLIN - Acte I - La trilogie berlinoise de David BOWIE

Pour faire suite aux excellents documentaires ROCK and THE CITY, diffusés sur Arte, qui au travers de 5 villes (Paris, New York, Berlin, Kingston, Liverpool), s'attachent à montrer en quoi ces villes ont su inspirer nombre d'artistes et vu émerger des genres musicaux, le blog va au cours du temps illustrer les villes, non seulement à travers le rock, mais aussi à travers les autres arts majeurs comme "mineurs".

Cette année, Berlin célèbrera les 20 ans de la Chute du mur. De nombreux artistes ont enregistré ou composé des albums en rapport avec l’histoire de la ville partagée.

Nous allons tout d'abord nous intéresser à la trilogie berlinoise de David BOWIE (albums Low - 1977, "Heroes" - 1977 et Lodger - 1979), appelés ainsi car enregistrés au Studio Hansa à Berlin, avec l'omniprésence de Brian ENO aux manettes (comme producteur, mais aussi comme compositeur notamment dans les plages musicales instrumentales, aux "stratégies obliques" très révélatrices d'un univers "urbain").

Bowie s'installe à Berlin en 1976, s'inspire du Krautrock, et pose ainsi les fondements du novö rock, branche déterminante et intellectuelle de la new-wave.



Dans Low, Warzawa est un titre instrumental où nous voici plongés dans les sombres profondeurs des ruines de Varsovie, quelque part entre la musique répétitive et le rock progressif (moog et chamberlain sont mis à contribution avec de splendides sonorités de flûtes). Instrumental dramatique, avec quelques chœurs et 3 phrases déclamées sur la fin, c’est d’une simplicité très élaborée, sans doute l’un des meilleurs titres jamais écrits par Bowie.
Weeping wall exprime le désarroi qu'a créé le mur de Berlin, les déchirements familiaux, les déracinements, la perte d'identité (les Berlinois de l'est lancent un appel à l'occident à la fin du titre).

On ne sait plus d’où sort cette musique, entre un jazz nordique glacial et un romantisme sans passion, mais on perçoit clairement l’influence de la musique ambiante et les prémisses d’un new-age et des éléments les plus mélodiques de la new-wave des années 80.



Bowie aurait, depuis la fenêtre du studio Hansa, observé un couple enlacé au pied du mur de Berlin. Cette scène lui inspirera « Heroes » un album aux plages musicales futuristes, qui servira également de bande originale au film "Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée" en 1981.

L'album "The idiot" d'Iggy Pop, produit par Bowie himself, a une conception proche, et de manière générale, ces deux premiers albums de la trilogie inspireront la new wave des années 80 (la bonne bien sûr). Certains morceaux de Low et de "Heroes" seront réenregistrés par Philip GLASS, chantre de la musique minimaliste américaine.



Lodger reste profondément marqué par l’expérimentation tout en se démarquant de ses prédécesseurs. Lodger est un album déjanté. David Bowie ne semble s’accorder aucune limite et se frotte à la world music avec une aisance remarquable, en bon locataire du monde (lodger) qu’il est devenu. Les influences World de Lodger inspireront la démarche des Talking Heads, groupe new-yorkais, produit également par ENO.

lundi 16 mars 2009

Grandeur et décadence de la ville de MAHAGONNY



J'ai assisté à cet opéra en 3 actes au théâtre d'Angers hier après-midi.
Dans la pure tradition du cabaret allemand et du néobaroque de Kurt Weill et du théâtre de la distanciation de Bertolt Brecht, l'histoire s'établit autour de la fondation d'une ville ex-nihilo par trois malfrats, Léocadia Begbick, Moïse la Trinité et Fatty. La ville est censée promettre les douceurs de la vie à tous les déshérités des autres villes en souffrance (allusion forte à la République de Weimar et à la crise de 1929). Il va sans dire que la ville, lieu de plaisirs et d'exactions, aux règles établies par nos malfrats, est surtout un bon moyen de plumer les clients potentiels. La venue d'un cyclone, mais surtout les interrogations de Jim Mahoney, viennent ébranler les "fondations" de la cité. Jim Mahoney est condamné à mort car "il n'y a pas de plus grand crime à Mahagonny de ne pas avoir d'argent". S'ensuivent alors la décadence puis la chute de la ville, le désenchantement des idéaux ...

Ici, au delà de la métaphore, ce sont bien les Hommes qui font la ville et la ville qui fait les Hommes. Ce que n'ont pas manqué de souligner nombre d'auteurs, et notamment la sociologie urbaine.

Petit clin d'oeil à mes comparses de l'atelier amateur de la compagnie La Tribouille des jeudis soirs de 2007-2008, et à notre professeure, Laëtitia TENDERO, qui a adapté la forme théâtrale de l'opéra (le livret en l'occurrence) et nous a permis de représenter notre version de Mahagonny à la salle Vasse à Nantes en juin 2008.

vendredi 27 février 2009

Bernard Lavilliers - SAINT-ÉTIENNE


Paru en 1975, dans l'album Le stéphanois, Bernard Lavilliers, sans citer nommément sa ville natale, évoque ici sa ville natale, celle des mines et de Manufrance.


On n'est pas d'un pays mais on est d'une ville
Où la rue artérielle limite le décor
Les cheminées d'usines hululent à la mort
La lampe du gardien rigole de mon style
La misère écrasant son mégot sur mon coeur
A laissé dans mon sang la trace indélébile
Qui a le même son et la même couleur
Que la suie du crassier du charbon inutile
Les forges de l'étampe ont pilonné les mots
J'ai limé de mes mains le creux des évidences
Les mots calaminés crachent des haut-fourneaux
Mes yeux d'acier trempé inventent le silence
Je me saoule à New-York et me bats à Paris
Je balance à Rio et ris à Montréal
Mais c'est quand même ici que poussa tout petit
Cette fleur de grisou à tige de métal
On n'est pas d'un pays mais on est d'une ville
Où la rue artérielle limite le décor
Les cheminées d'usines hululent à la mort
La lampe du gardien rigole de mon style

Barcelone, ville intemporelle


Ecrit en 2007 , publié en France par l'Atalante en 2008, La ville intemporelle ou le vampire de Barcelone, de Francisco Gonzales Ledesma

Le livre, en parallèle avec la recherche de Marta Vives, assistante d'un avocat, sur les racines de sa famille et son opposition avec une autre famille catalane, les Masdéu, retrace le parcours d’un vampire, inquiétant narrateur surgi des bas-fonds de la Barcelone médiévale et dont la silhouette reparaît aux épisodes marquants de l’histoire de cette ville rebelle, voire révolutionnaire, du Moyen Âge à nos jours : l’Inquisition, les différentes étapes du développement urbain, le siège de la cité en 1714, Gaudí, les anarchistes, la guerre civile… Le vampire en question rencontre et inspire même Ildefons Cerda et Gaudi !

Il s'agit d'une véritable déclaration d'amour de l'auteur à sa ville natale, l'épopée et l'aventure d'une ville, véritable palimpseste urbain. Mêlant enquête policière, fantastique et véritable roman urbain, le livre a rencontré un franc succès en Espagne.

A savoir que deux cartes accompagnent l'ouvrage : l'une sur la Barcelone médiévale, en début d'ouvrage ; l'autre sur la Barcelone contemporaine qui permet ainsi de situer des lieux actuels ou disparus.

lundi 9 février 2009

L'urbanisme, la fiction, le monde réel

Petit message d'introduction à ce blog !
La fiction entretient avec l'urbanisme des rapports constants. Habiter, vivre, créer des liens sociaux dans nos villes comme dans nos campagnes ont inspiré nombre d'écrivains, de compositeurs. Vient tout de suite à l'esprit les utopistes, pour qui la cité idéale permettait de forger l'Homme idéal. Le champ de la science-fiction est aussi fécond en la matière, mais aussi le polar (urbain le plus souvent !) et la littérature dans son ensemble. Qui n'a pas chanté sur une ville, qui n'a pas été inspiré par une ville pour sa musique ? Les peintres ont croqué des instantanés de ville, le théâtre parle de la ville ... Bref, autant de domaines où l'Homme rêve la ville, l'embrasse, la rejette ; où l'Homme subit ou compose avec la ville, la construit, la détruit.