jeudi 7 octobre 2010

MA VILLE EST LE PLUS BEAU PARK


"Ma ville est le plus beau park, sa vie pleine d'attractions. Ta ville sera ce park si telle est ton ambition", chantait le groupe toulousain Fabulous Trobadors en 1995.  Toujours d'actualité et cela à plusieurs titres.


Je viens de découvrir avec retard une exposition qui s'est tenue au Centre Georges Pompidou à Paris du 5 mai au 9 août 2010, DREAMLANDS - Des parcs d'attractions aux cités du futur. Entre utopie et divertissement, ici il s'agit de réfléchir à la manière dont les loisirs peuvent configurer les villes, que ce soit par la conception urbaine, architecturale, voire sociale. L'exposition est une belle suite de photographies et représentations sur l'histoire de ces "parcs urbains" devenus villes : du Dreamland de Coney Island au début du XXe siècle, à Celebration de Disney (regardez aussi le neohaussmanien des réalisation récentes de Marne la Vallée à proximité de Disnayland Paris), au summum incarné par des villes telles Las Vegas ou Dubaï. L'impact des expositions universelles est patent : depuis la Tour Eiffel (Paris, 1889), en passant par l'atomium (Bruxelles, 1958) jusqu'à faire partie intégrante d'un plan d'urbanisation sur une surface totale de 340 hectares d'un quartier à développer (Lisbonne, 1998).
Suite à cet aperçu, la question de l'identité d'un territoire est primordiale. Il ne faut pas, sous couvert du marketing territorial et des dimensions culturelle et touristique, gommer la quintessence d'un lieu et de  la remplacer par des artifices interchangeables et globalisants. L'urbanisme, lorsqu'il est bien pensé peut inscrire du fictif en prise avec le réel et susciter un parcours urbain appropriable par chacun : ceux qui y vivent (habitants) comme ceux qui y passent (usagers) ou y viennent en villégiature (touristes). Prenons comme exemples : l'IBA Emscher Park dans la Rühr en Allemagne, l'Ile de Nantes et Estuaire, Lille, etc...
Pour conclure, deux livres de science-fiction explorent cet aspect où la ville et la vie se confondent : dans le parc d'attractions, avec "Dans la dèche au Royaume Enchanté" du canadien Cory Doctorow ; et celui pas si éloigné du centre commercial gigastore, avec "Days" du britannique James Lovegrove.


DREAMLANDS - Des parcs d’attraction aux cités du futur
envoyé par ARTNET_france. - Découvrez plus de vidéos créatives.

mardi 31 août 2010

THE SUBURBS - ARCADE FIRE

Voilà un groupe que j'affectionne particulièrement, et ce depuis leur 1er album, Funeral en 2004-2005. Cette formation canadienne, de Montréal plus précisément, fait preuve d'une alchimie créatrice dans sa musique. Entre fanfare et rock alternatif, les crossovers et chemins de traverse sont nombreux aussi bien au niveau des instruments, des styles que des thèmes évoqués. Le thème récurrent des souvenirs, d'une recherche de repères, embrassent un urbanisme musical. Les quartiers, le voisinage évoqués dans le 1er album (Neighborhood #1 à 4) composent une ambiance de deuil, de neige, d'isolement mais aussi de renaissance, de quête de lumière.
Leur 3e album, The Suburbs, adopte le fil conducteur des banlieues nord-américaines à travers souvenirs d'enfance, amours séparées par des frontières urbaines, culturelles, sociales qui appelleraient de leurs voeux une guerre (Suburban war) jamais commencée ni finie contre l'étalement urbain (Sprawl I & II). Une belle métaphore entre ce que l'on est et ce que l'on devient comme le précise Win Butler : "Je pense que ça parle du fait d'être capable de dessiner une frontière entre ce qu'on était avant et de ce qu'on est devenu, de sentir la continuité de la vie. On peut vite se sentir étranger à sa propre vie quand il n'y a plus de lien entre l'endroit d'ou on vient et l'endroit où on va." (Rock & Folk n° 517 - septembre 2010).

I feel like I've been living in a city with no children in it A garden left for ruin by a millionaire inside of a private prison (City with no children)
First they built the road, then they built the town  That's why we're driving around, and around, and around. (Month of may)

But you started a war that we can't win they keep erasing All the streets we grew up in. (Suburban war)
Took a drive into the sprawl, to find the house where we used to stay,... to find the places we used to play. ((Sprawl I (Flatland))
Je vous invite à regarder et à participer à la vidéo de "We used to wait".

vendredi 11 juin 2010

DE RETOUR A LA TERRE A BACK IN TOWN


Vous connaissez peut-être Retour à la terre de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri (5 tomes à ce jour), où son alter-ego Larssinet, auteur de BD névrosé par les délais de son éditeur, la nostalgie de la ville et sa paternité, quitte sa chère banlieue et prend le vert à la campagne. Le mode humoristique fait recette chez ce même éditeur, Poisson pilote - DARGAUD, puisqu'est paru le pendant inverse, à savoir un couple de parisiens, Marc et Andréa, et leur petite fille Mona qui de la campagne revient à Paris. Le volume 1 de Back in town intitulé Gloire aux trottoirs ! de Anne Baraou & Hubesch, ça fait un peu bobo qui quitte les illusions de la campagne (cauchemars récurrents de la tondeuse et du sécateur récalcitrants, le père de famille pigiste dans un journal économique,...) mais on passe un bon moment.


Quelques extraits :

Mona (quatre ans, née à la campagne après l'"exil" de ses parents) : Une maison avec un jardin, une balançoire, un chien et...
Marc : Euh, pas exactement, disons une maison plus compacte, comment dire, empilée sur d'autres maisons. Voilà dans un immeuble. On appelle ça un appartement.
...
Marc : Nous venons de vendre une maison à la campagne. 200 m² habitables, 3000 de terrain. Trois mille ! Oui oui.
Andréa : Nous voudrions pour la même somme trouver dans les 100 m² ici. Avec balcon, ce serait extra.
L'agent immobilier : Ha ha ha !
Marc : Et 80 ?
L'agent immobilier : Ha ha ha !
...

lundi 17 mai 2010

FRINGE, UN NEW YORK ALTERNATIF

Dans le 22e épisode de la 2e saison de Fringe, qui se déroule dans l'univers parallèle, une vision d'un autre New York tel qu'il aurait pu être :
  • la présence des deux tours du World Trade Center (ici pas de 09/11)
  • un hybride de la Swiss Re Tower (Norman Foster - Londres)  et de la torre Agbar (Jean Nouvel - Barcelone), transposée ici en plein New York
  • le Soho Grand Hotel n'a jamais été construit
  • les dirigeables Zeppelin (un peu steampunk, ça...)
et d'autres détails qui m'échappent pour l'instant ...




 

jeudi 22 avril 2010

JG BALLARD : Entre anticipation sociale et science-fiction urbaine

James Graham BALLARD (15 novembre 1930 - 19 avril 2009), écrivain britannique est décédé il y a un an. Si tout le monde ne connaît pas l'auteur, certains connaissent l'adaptation au cinéma de ses romans : L'empire du soleil par Spielberg (autobiographie sur son enfance dans une Shanghaï occupée par les Japonais), Crash ! par Cronenberg (sur la fascination de l'automobile qui devient objet mortifère et érotique).

La "Trilogie de Béton"

Publiés entre 1973 et 1975, ces trois romans forment le coeur de l’oeuvre ballardien. L’auteur affirme ici pleinement son univers dystopique : dans un contexte urbain (et de plus en plus suburbain) pesant, il explore les effets de l’évolution technologique, sociale, écologique, et les nouvelles mythologies qui en découlent, sur la psyché de l’homme contemporain. Une édition française des trois titres regroupés a paru en 2006, avec une éclairante préface de Xavier Mauméjean.

Crash !
Après avoir causé la mort d'un homme lors d'un accident de voiture, James Ballard, le narrateur, développe une véritable obsession pour la tôle froissée. Enrôlé par Vaugham, un ex-chercheur qui aime reconstituer des accidents célèbres et va même jusqu'à en provoquer pour assouvir ses pulsions morbides, Ballard se verra progressivement initié à une nouvelle forme de sexualité : le mariage de la violence, du désir et de la technologie. Quel est le destin de l'homme dans un monde perverti par les machines ? Peut-on rester maître de son corps, de son âme, dans une société qui est chaque jour un peu plus déshumanisée ?

L'Ile de béton (Concrete Island)
Ce roman est inspiré d’un fait-divers. Victime d’un accident sur un échangeur autoroutier de banlieue, un automobiliste finit sa course 30 mètres en contrebas dans un no man’s land. Blessé, coupé du monde, entouré et surmonté par les signes inaccessibles de la civilisation, il devra, tel un Robinson moderne organiser sa survie avec la compagnie épisodique d’une micro-communauté de marginaux.

I.G.H.  (High Rise)
Ballard décrit ici la balkanisation progressive d'un immeuble de grande hauteur dédié à l'habitation. A la suite d'une simple panne d'électricité, la hiérarchie sociale implacable que reflète la verticalité du bâtiment est brusquement remise en cause, et la sauvagerie reprend ses droits.

La révolte des "classes moyennes"
 
Millenium people
 
D'après Ballard, c'est l'urbanisation, la notion de progrès et surtout le sentiment de confort qui font courir les cadres moyens et les fonctionnaires débonnaires à leur perte. C'est ce qu'il explique durant tout ce roman paru en 2005 où les habitants du quartier huppé de Chelsea en viennent au terrorisme, la paupérisation progressive des classes moyennes les amenant à devenir le nouveau terreau de la révolution.
 
La  galaxie BALLARD
 
L'excellent site britannique Ballardian.com, explore aussi bien la "ballardosphère" - à savoir les sujets traités dans les écrits de Ballard comme une modernité dystopique, des paysages urbains désolés et l'exploration des effets psychologiques de l'évolution technologique, sociale ou environnementale.- et fédère une communauté d'artistes et d'écrivains trouvant leur inspiration dans l'oeuvre de Ballard d'où de nombreux liens avec l’art contemporain, expositions, films... .

lundi 8 mars 2010

LOGORAMA

LOGORAMA, concocté par le collectif H5 a remporté hier l'Oscar du meilleur court-métrage d'animation. Ce film amusant de 17 minutes montre une ville de Los Angeles livrée à la publicité et aux marques. Ce SimCity où sont mis en scène une multitude de logos n'est finalement pas si éloigné de l'urbanisme commercial "boîte à chaussures" qui défigure nombre d'entrées de villes.


mardi 2 mars 2010

FENETRE SUR TOIT, FENETRE SUR SOI

La compagnie bordelaise Opera Pagaï organise depuis 2006 un "safari intime" dans certaines villes, villages et quartiers. Il s'agit d'un parcours “portes et fenêtres ouvertes” par les ruelles, les escaliers et les jardins qui permet de découvrir, à travers une approche scientifique et rigoureuse, des spécimens humains dans leur milieu naturel.
La compagnie sollicite les habitants un à un, demandant à ces derniers l'usage de leur salon ou de leur jardin comme autant de lieux de représentation possibles, ou de jouer dans les saynètes. Ce zoo humain, parcours anthropologique s'il en est, s'installe les vendredi 7 et samedi 8 mai prochains à Indre (Loire-Atlantique).



Le théâtre, à l'origine de nature religieuse (deus ex machina des Grecs, mystères religieux du moyen âge), s'est fait dans la rue (farces, commedia dell'arte). Beaucoup de compagnies professionnelles comme "amateurs" jouent dans la rue car c'est le public qui fait le théâtre. Ici, l'aspect "voir et être vu" facebookise un parcours urbain, fait du public des L.B. "Jeff" Jefferies en puissance (mais qui ne l'est pas depuis l'explosion de la télé-réalité et du Web 2.0 ?).
Dans le même ordre d'idée, c'est la "rue" de la Maison Radieuse Le Corbusier à Rezé (Loire-Atlantique) qui permettait déjà en 2000 grâce à un jeu de judas inversé d'observer l'intimité des appartements.

lundi 1 mars 2010

VILLE ET CINEMA A NANTES

L'Urbanographe et le cinéma Katorza présentent la première édition de VILLE ET CINEMA du 3 au 6 mars 2010 ! J'essaierai car mon emploi du temps ne me le permet pas toujours de me faufiler dans les thématiques proposées dans la programmation, de Tokyo à Los Angeles, en passant par les mégalopoles chinoises et autres polars urbains.

Ville et Cinéma propose déjà une programmation régulière de projections et de rencontres thématiques tout au long de l'année, notamment au cinéma Bonne Garde. Des films grand public, rares ou inédits, des documentaires ou des courts métrages sont proposés. Des réalisateurs, des architectes, des urbanistes et des historiens participent le plus souvent à un débat après la projection.