mardi 18 janvier 2011

NAISSANCE FICTIVE D'UN PONT

Le Prix Médicis 2010, « Naissance d'un pont », de Maylis de Kérangal, tisse une histoire autour d'un pont fictif édifié dans une ville américaine toute aussi fictive, Coca. Le maire de cette ville compte bien avec le projet de ce "Golden Gate", désenclaver sa ville, attirer des emplois et redynamiser son économie, et ainsi réaliser un acte politique.
C'est un chantier perpétuel et démesuré où ouvriers, multinationales, habitants, autochtones tissent la mémoire d'un lieu avec des hommes. On pense forcément au Lunchtime atop a skyscrapercliché de Charles Ebbets, en 1932, où onze ouvriers déjeunent sur une poutrelle en acier lors de la construction du Rockfeller Center.
Et puis la monumentalité dresse un décor : toute construction creuse son empreinte dans un endroit. Il s'agit de voir à quel point certains projets peuvent être contestés ou bien, une fois réalisés, montrés du doigt. Ils peuvent aussi s'ils venaient à disparaître être source de traumatisme alors lorsqu'ils font partie intégrante du paysage. La destruction des Twin Towers à New York le 11 septembre 2001 a marqué les esprits. Dans les films catastrophes, que ne fait-on pas subir à la Statue de la Liberté (ensablée dans la planète des singes, banquisée dans le Jour d'Après, et j'en passe) ! La Tour Eiffel devait être démontée à l'issue de l'exposition universelle de 1889 et elle est aujourd'hui indissociable de l'image de Paris.

Interview de Maylis de Kérangal : l'intégrale
envoyé par rue89. - Découvrez plus de vidéos créatives.