J'ai visité Bruxelles au mois de juillet 2007. Je n'en garde pas un souvenir extraordinaire. D'accord, le temps était à la pluie... Mais surtout j'ai trouvé cette ville tiraillée, schizophrénique au sens urbain du terme. Afin de sauvegarder cette synthèse entre communautés wallonne et flamande, qui caractérise Bruxelles et de moins en moins la Belgique, il semble que la ville a voulu se racheter dans l'Europe naissante en en devenant la capitale. L'observateur que je suis a voulu retrouver l'esprit Art Nouveau, celui de la bande dessinée, celui des Pays-Bas Espagnols, et celle d'une capitale mais j'ai perçu une ville en mal d'identité livrée au façadisme, aux bâtiments administratifs (y compris ceux de l'Union Européenne) et de bureaux sans âme. Les monuments ou certains sites pris à part ont un grand intérêt, mais la juxtaposition asynchrone, l'absence de la prise en compte du tissu urbain, du skyline dans les réalisations de la seconde moitié du XXe siècle, ont opéré un véritable gâchis. A tel point qu'architecte pour les bruxellois est devenu une insulte (déjà les habitants des Marolles traitaient Poelaert, l'architecte du palais de justice de "schieven architek" !).
L'album Brüsel , des Cités Obscures, de Schuitten & Peeters est une remarquable allégorie de l'urbanisme de cette ville en livrant un message sur l'évolution du bâti. Brüsel, double obscur de Bruxelles, est la proie de promoteurs où le gigantisme est de mise. Le palais de Justice, bel exemple d'architecture monumentale qui domine la Bruxelles de notre monde, se transforme en palais des trois pouvoirs à Brüsel et symbolise alors le début d'une "brüsellisation" outrancière.
"Le recouvrement de la Senne, la démolition des bas quartiers et leur remplacement par des gratte-ciels, l'établissement d'une jonction entre la Station du Nord et celle du Midi, l'abandon des tramways au profit de lignes ferroviaires aériennes et souterraines ainsi que l'installation d'un gigantesque orduroduc constituent des mesures de première nécessité", déclare à qui veut l'entendre l'entrepreneur Freddy De Vrouw. Pour éviter tout gaspillage, il persuade les autorités de mettre en œuvre tous ces projets de manière simultanée et d'édifier, en même temps, les plus hauts gratte-ciel du Continent.
Le Palais de Justice et le Palais des Trois Pouvoirs (extrait du site des Cités Obscures)
La chose est assez connue : le Palais de Justice de Bruxelles et le Palais des Trois Pouvoirs de Brüsel sont identiques à quelques détails près, même si ces deux bâtiments ont une fonction très différente. Une porte au moins les relie l’un à l’autre, permettant un Passage dans les deux sens.
Si mystérieuse qu’elle puisse paraître, la chose s’explique peut-être par le caractère exceptionnel de cet édifice démesuré, "la plus vaste accumulation de pierres de taille qui existe en Europe", et par la personnalité de son architecte, Joseph Poelaert.
On sait que Poelaert était franc-maçon et qu’il bénéficia tout au long de la construction d’appuis extrêmement hauts placés, en dépit de son caractère fantasque et de la multiplication par cinq d’un budget déjà colossal. Mais selon l’historien anglais James Welles, la franc-maçonnerie ne constituait en l’occurrence qu’une simple couverture. Poelaert aurait surtout été l’un des membres fondateurs de la "secte B", une société secrète bruxelloise cherchant par tous les moyens à rejoindre la ville parallèle de Brüsel. C’est à ce but occulte qu’aurait principalement servi la construction du Palais.
Il n’est pas possible de résumer ici la longue enquête à laquelle s’est livré James Welles dans son livre Shadows in the night, a secret society in Belgium. Disons seulement que cet épais volume apporte enfin une réponse crédible à bon nombre de questions délicates sur le grand œuvre de Joseph Poelaert et l’évolution urbanistique de Bruxelles.
Si mystérieuse qu’elle puisse paraître, la chose s’explique peut-être par le caractère exceptionnel de cet édifice démesuré, "la plus vaste accumulation de pierres de taille qui existe en Europe", et par la personnalité de son architecte, Joseph Poelaert.
On sait que Poelaert était franc-maçon et qu’il bénéficia tout au long de la construction d’appuis extrêmement hauts placés, en dépit de son caractère fantasque et de la multiplication par cinq d’un budget déjà colossal. Mais selon l’historien anglais James Welles, la franc-maçonnerie ne constituait en l’occurrence qu’une simple couverture. Poelaert aurait surtout été l’un des membres fondateurs de la "secte B", une société secrète bruxelloise cherchant par tous les moyens à rejoindre la ville parallèle de Brüsel. C’est à ce but occulte qu’aurait principalement servi la construction du Palais.
Il n’est pas possible de résumer ici la longue enquête à laquelle s’est livré James Welles dans son livre Shadows in the night, a secret society in Belgium. Disons seulement que cet épais volume apporte enfin une réponse crédible à bon nombre de questions délicates sur le grand œuvre de Joseph Poelaert et l’évolution urbanistique de Bruxelles.
Bruxelles et la BD
Autre ouvrage intéressant, celui de Bruxelles dans la BD, de Thibaut VANDORSELAER, qui permet de parcourir les plus célèbres vignettes qui ont Bruxelles pour décor, et nous fait découvrir les fresques de dessinateurs dans la ville. On dit même que l'une d'entre elles liée aux Cités Obscures, ouvre un "passage", rue du marché au charbon, vers l'univers parallèle de Brüsel...